Fatima Charbi aura bientôt 20 ans. Marocaine, elle arrive en France en 2001 et s’installe chez son père, ancien ouvrier aux usines Dunlop de Montluçon en situation régulière. Suite à un grave accident du travail, il vit d’une faible pension d’invalidité. Bien qu’il assure la scolarisation de Fatima, c’est le motif invoqué par l’administration française pour refuser à la jeune fille sa régularisation au titre du regroupement familial.
Devenue majeure le 30 mai 2005, Fatima, alors en terminale au lycée Geneviève Vincent à Commentry, demande aussitôt un titre de séjour « étudiant ». Demande rejetée, au motif qu’elle est entrée en France sans visa de longue durée. Fatima est pourtant scolarisée et peut subvenir à ses besoins grâce à un contrat « jeune majeur » obtenu du Conseil général de l’Allier ; mais la préfecture persiste et prend un arrêté de reconduite à la frontière, exécuté le 25 octobre 2006 alors que Fatima est inscrite en bac pro chimie au lycée Paul Constans de Montluçon. Arrêtée à son domicile, la jeune fille est enfermée au centre de rétention administrative de Lyon, puis expulsée le 12 novembre 2006.
Traumatisée par sa détention, arrachée à sa vie, Fatima ne peut ni poursuivre ses études, faute d’une formation équivalente au Maroc, ni trouver un travail, n’ayant n’a pas encore obtenu son diplôme. Son seul espoir : que la mobilisation en sa faveur du conseil municipal de Montluçon, des professeurs et élèves de son lycée, ainsi que des 600 citoyens qui ont manifesté contre son expulsion lui permette de revenir chez elle.