Blog POL : « Cette France-là »

publié le 26 mars 2009

26 Mars 2009 Par POL

En exergue du livre d’Haruki Murakami, Après le tremblement de terre, que je suis entrain de lire, il y a une citation tirée d’un film de Jean-Luc Godard, Pierrot le Fou. Je m’étais toujours promis de prendre le DVD et de recopier le dialogue, et là c’est Murakami qui l’a fait pour moi :

Les informations à la radio : On déplore de nombreux morts du côté américain mais du côté Viêt-Cong également, cent quinze combattants ont été abattus.

La femme : C’est terrible, l’anonymat.

L’homme : Qu’est-ce que tu dis ?

La femme : On n’apprend rien quand on nous dit que cent quinze guérilleros sont morts. On ne sait rien d’eux. Avaient-ils des femmes des enfants ? Préféraient-ils le théâtre ou le cinéma ? On n’apprend rien du tout. La mort de cent quinze hommes au combat c’est tout.

Les concepteurs du livre cette France-là 1 06 05 2007 / 30 06 2008 ont parfaitement suivi les propos d’Anna Karina, il ne s’agit plus de donner les informations comme avant.

Je cite l’Introduction : La première partie de l’ouvrage, « Récits 1 », rapporte quatre-vingts histoire de personnes ayant fait l’objet d’une mesure d’éloignement.

(…) Page 53 John Maïna s’est pendu le 15 février 2008. On l’a retrouvé dans la chambre du foyer où il résidait, au bout d’une petite rue tranquille de Meudon, en banlieue parisienne. Il venait de recevoir le courrier l’informant du rejet définitif de sa demande d’asile par la Cour nationale du droit d’asile. Dans la lettre qu’il a laissée, John a simplement expliqué qu’il préférait en finir plutôt que retourner au Kenya, où la mort l’attendait de toute façon. (…)

Son histoire que vous devriez lire montre qu’il aurait dû obtenir le statut de réfugié politique.

Il pensait que la France lui accorderait sa protection, il a eu tort. Son suicide aura au moins eu le mérite de faire prendre conscience aux quelques personnes qui le côtoyaient de ce qui se passait dans leur pays. Dans un communiqué ses amis du club d’athlétisme expriment ainsi leur amertume et leur colère : « Nous n’acceptons pas qu’un garçon puisse, à l’orée de sa vie d’adulte, dans la patrie des droits de l’homme être confronté à une telle peur d’être expulsé qu’il ne voie d’autre solution que de se suicider. Nous n’acceptons pas que la France ; c’est-à-dire nous-mêmes, renonce à sa tradition de terre d’asile. Elle a ruiné l’espoir d’un jeune homme qui avait courageusement refusé l’oppression… Nous ne voulons pas que John Maïna soit mort pour rien ; » Avec d’autres, ils demandent que John obtienne le statut de réfugié politique à titre posthume et qu’ainsi et qu’ainsi la France reconnaisse sa faute.

Ce qui serait bien, c’est qu’un journaliste, Edwy Plenel, par exemple, s’il en avait l’occasion demande à Notre Président de notre République si oui ou non, John Maïna va obtenir ce statut.

(…) Plus loin dans l’Introduction : « Récits 2 » s’attache au travail accompli par vingt et un préfets : c’est que le renforcement de l’autorité préfectorale constitue un trait distinctif du changement voulu par le Président, et l’on peut ici en mesurer les effets dans la pratique.

On peut lire page 340 : Catherine Delmas-Comolli fait partie des préfets qui considèrent que le parrainage républicain constitue un délit d’aide au séjour irrégulier…

Catherine Delmas-Comolli est préfète des Ardennes… et il semble que la préfecture des Ardennes cherche à remplir ses propres objectifs. Je prends le cas de la famille Labani simplement parce que cela s’énonce en quelques mots et deux dates : la mère et ses deux enfants, trois ans et dix-huit mois, ont été expulsés vers l’Algérie le 10 octobre 2007, alors que leur dossier de recours était en instance. L’audience au tribunal administratif devait se tenir le 16 octobre.

Le respect du droit, je croyais que c’était partie du travail d’un serviteur de l’État.

Comme je suis naïf, je me demande toujours si tous ces gens-là dorment facilement ?

Cette France-là donne tous les arguments pour mettre en pièce le discours et la pratique à propos des sans-papiers, mais je ne résiste pas à l’envie de vous citer ce qui est écrit à la page 387.

En ce temps de crise financière, c’est assez comique !

Coût de la rétention administrative et des reconduites à la frontière, prévision pour 2008 : 91,9 millions d’euros.

Coût de garde et d’escortes : 334 millions d’euros.

Coût de construction des centres de rétention : 52, 5 millions d’euros.

Coût des interpellations et du contrôle de l’immigration : 811, 9 Millions d’euros.

C’est-à-dire 2,05 Milliards d’euros.

Et bien il faudra dire à notre Président de notre République qu’on a trouvé un moyen de financer des mesures de relance de la consommation en supprimant ce gaspillage-là.

(…)

La vocation de Cette France-là est double : pour l’avenir, contribuer à constituer le dossier des historiens qui ne manqueront pas d’étudier l’impact de la présidence de Nicolas Sarkozy sur l’état de la démocratie en France ; pour le présent, inviter élus et électeurs à se demander si la politique menée par les premiers au nom des seconds mérite d’être soutenue, au risque d’en assumer la responsabilité historique.

15 euros au prix coûtant, il faut lire et faire lire ce livre… Voilà un vrai livre d’information.

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