Famille Suliashvili

Famille Suliashvili

Madona Suliashvili ne supporte plus de vivre la peur au ventre. En Géorgie, elle était devenue un moyen de pression pour atteindre son père, fonctionnaire d’État engagé en politique et plusieurs fois l’objet de menaces et de violences physiques. Elle craignait pour sa sécurité et celle de son mari, Kvicha. En France, elle se terre dans son appartement, redoutant à tout moment l’arrivée de la police. Ce que souhaite Madona plus que tout, c’est une vie sereine pour ses filles, Salomé et Mariani, trois_ans et cinq ans, nées et scolarisées en France.

C’est en 2002, lorsque Kvicha est à son tour victime d’une agression, que le couple décide de fuir la Géorgie. Réfugiés en France, à Amiens, ils ont tout de suite déposé une demande d’asile. Refusée, malgré le danger qu’ils encourent s’ils rentrent dans leur pays. Pour autant, Madona et Kvicha ne renoncent pas et font ce qu’ils peuvent pour être acceptés en France : ils prennent des cours de français, et Kvicha trouve un travail dans un garage. Mais, en 2006, tous les recours sont épuisés ; de l’Ofpra à la circulaire Sarkozy, aucune réponse ne leur a été favorable. Faute d’autorisation, Kvicha doit donc arrêter de travailler, mais bénéficie néanmoins d’une promesse d’embauche de son patron, dans l’attente d’un titre de séjour.

C’est cette promesse d’embauche, ainsi qu’une pétition en soutien à la famille Suliashvili, que RESF est allé présenter à la préfecture, en novembre 2007, avec, en retour, l’assurance que le préfet reconsidérerait le cas de la famille. Au lieu de quoi, le lendemain de l’entrevue, la police débarque dans leur appartement pour les emmener en rétention. Madona est seule, ses filles sont à l’école. Paniquée, elle se cache dans une penderie avec son portable et appelle RESF. Pendant ce temps, les policiers demandent aux voisins l’adresse de l’école que fréquentent les deux petites filles pour aller les chercher. Aucune information ne leur sera donnée. À l’arrivée de plusieurs membres de RESF, la police rebrousse chemin.

Pendant les quinze jours qui suivent, Madona, Kvicha, Mariani et Salomé vivent alors cachés et séparés. Mais les filles supportent mal cette situation et réclament d’aller à l’école. Pour répondre à leur demande, une grande escorte de militants, de voisins et d’amis se constitue. Elle mettra fin à la clandestinité et à la séparation de la famille en accompagnant Madona et ses enfants jusqu’aux portes de la maternelle, sous l’oeil des journalistes…

Le préfet de la Somme avait alors décidé de réexaminer le cas de la famille Suliashvili. Madona espérait beaucoup de cette nouvelle étude. Pourtant, en décembre 2008, la famille n’avait toujours pas obtenu de titre de séjour. Le conflit qui a éclaté en août dans le pays vers lequel ils craignent d’être reconduits n’a pas infléchi l’attitude de la préfecture à leur égard. Le couple est toujours en situation irrégulière et toujours dans l’attente. Madona Suliashvili est également tourmentée par une autre incertitude : sans nouvelles de ses parents restés en Géorgie, elle ne sait pas s’ils sont morts, ou vivants.

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