Ibrahima Sylla

Ibrahima Sylla a quinze ans à la mort de son père, vingt lorsque sa mère meurt à son tour. Ayant terminé ses études secondaires, ce jeune Guinéen souhaite alors tenter sa chance loin de Conakry. Il arrive en France en 1997.

Dès son arrivée, il essaye de poursuivre les deux activités qu’il menait en Guinée : bénévolat au sein de la Croix-Rouge et animation d’une troupe de comédiens. Il entame une formation de secouriste, et intervient comme bénévole la nuit à la Croix-Rouge ; il doit cependant renoncer, faute de moyens, à étudier l’art dramatique.

En 1999, il entame une formation en alternance de cuisinier et, dans ce cadre, signe un premier contrat avec le restaurant Chez Justine, qu’il ne quittera plus. En effet, une fois son diplôme passé avec succès, son employeur lui propose un contrat à durée indéterminée. Entre-temps, il a retrouvé Hana, une ancienne camarade de classe de Conakry, qui vient d’arriver en France. Leur relation débouche sur un mariage en 2003. La même année naît Ahmed, leur premier fils. Un changement de propriétaire Chez Justine fait craindre un licenciement, mais Ibrahima fait partie des rares salariés à être retenus. Il reçoit même de l’avancement. Seule ombre au tableau pour le jeune couple, il leur faut libérer le logement professionnel qu’ils occupaient jusque-là. Ibrahima et Hana connaissent alors plusieurs mois difficiles où ils doivent vivre à l’hôtel avec leur fils. Mais, à l’été 2004, ils emménagent à Malakoff (Hauts-de-Seine).

En 2006, avec l’aide du Secours catholique, ils déposent, à la sous-préfecture d’Anthony, une demande de régularisation dans le cadre de la circulaire Sarkozy pour les parents d’enfants scolarisés. Ils ne recevront jamais de réponse. En 2007, après la naissance de leur second fils, Djibril, Ibrahima et Hana préparent le dépôt d’une nouvelle demande avec l’aide de militants de RESF. Une pétition est lancée à l’école Henri-Barbusse où est scolarisé Ahmed. Dans l’immeuble, les voisins découvrent leur situation et se joignent à la mobilisation. Même le propriétaire de l’immeuble leur apporte son soutien. La municipalité est également sensibilisée.

Mais, le 23 octobre, quatre policiers, quatre inspecteurs du travail et quatre officiers de police judiciaire font irruption dans le restaurant. Ibrahima est interpellé, puis placé en garde à vue au commissariat du xie arrondissement. Hana n’est prévenue que vers minuit. Effondrée, elle appelle la militante de RESF qui les soutient. Celle-ci donne l’alerte et, dès le lendemain matin, un rassemblement a lieu devant le commissariat. Grâce à cette mobilisation et à l’intervention d’élus municipaux, Ibrahima est libéré le 25 octobre. Cependant, la préfecture lui notifie un arrêté de reconduite à la frontière.

C’est une voisine d’immeuble, avocate, qui aide Ibrahima et Hana à contester cette mesure d’éloignement. L’audience a lieu le 24 décembre. Un mois plus tard, le couple apprend avec joie que le juge a annulé la mesure d’éloignement du fait des liens privés et familiaux d’Ibrahima, de son intégration et de son ancienneté en France. Le tribunal enjoint également la préfecture de lui délivrer une autorisation provisoire de séjour dans l’attente d’un réexamen de sa situation.

Mais, en se rendant à la préfecture, Hana et Ibrahima apprennent que la préfecture de police fait appel de la décision. En conséquence, il ne leur est remis que des titres de séjour précaires dans l’attente de la décision de la cour administrative d’appel. Celle-ci est tombée le 19 septembre 2008 et a annulé le jugement favorable de première instance. Mais, grâce à une nouvelle intervention de la mairie, la sous-préfecture d’Antony a finalement décidé de délivrer des titres de séjour d’un an à Hana et Ibrahima.

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